Union pour le Renouveau
de Versailles


Débats du Conseil municipal


VILLE DE VERSAILLES
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU JEUDI 7 NOVEMBRE 2002 A 19 HEURES

(...)
DÉBAT RELATIF AUX ORIENTATIONS GÉNÉRALES DU PROJET D’AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
(...)



M. de LESQUEN :

Je voudrais faire une remarque de méthode. Je m’étonne que la commission de l’urbanisme ne se soit jamais réunie depuis le 17 décembre 2001 pour parler de ce projet d’aménagement et du plan local d’urbanisme. Etudier les documents techniques, comme c’est son rôle, aurait nécessité une réunion.
Je donne d’ailleurs à cette remarque une portée plus générale. En effet vous parlez de concertation, mais elle a concerné surtout un certain nombre d’organismes, qu’on trouve énumérés à la page 7 de ce document ; il y est également question d’un comité de pilotage présidé par M. le Maire. On n’oublie que le conseil municipal, même pas cité. De fait, entre le 17 décembre 2001 et ce 7 novembre 2002, soit deux séances de travail obligatoires selon la loi, il n’y a pas eu de groupe de suivi avec les conseillers municipaux, en tout cas pas avec ceux de l’opposition, pas eu de réunion de la commission de l’urbanisme et nous n’avons reçu aucun document, à l’exception des comptes rendus des réunions de concertation, que M. Pichon a bien voulu nous envoyer, ce dont je le remercie.
Quant à la concertation par réunions, je suis allé à la dernière, que vous présidiez. Les participants n’avaient pas le moindre document, et nous avons parlé d’urbanisme sans voir la moindre carte. Une concertation ainsi conçue n’est guère plus qu’un simulacre.


M. le Maire :

De toute façon la concertation va durer encore une année pendant laquelle les uns et les autres nous allons pouvoir étudier ces propositions. (...)


M. de LESQUEN :

J’ajoute que lorsque des documents sont transmis aux conseils de quartier, ce qui est une bonne chose, les conseillers municipaux devraient en recevoir copie pour information. Le conseil municipal a une légitimité plus grande que les conseils de quartier et nous ne devrions pas avoir à demander aux conseillers de quartier les documents qui leur sont remis.


M. le Maire :

Très bien. Je retiens cette réflexion. (...)


M. de LESQUEN :

En préalable au débat de fond, je voudrais faire deux remarques ponctuelles.
La première concerne l’objectif de population. J’avoue que je me perds un peu dans les propos de M. Schmitz. Lors de la réunion du 14 octobre, il parlait de 95 000 habitants ; aujourd’hui nous en sommes à 85 000. Dans le document, page 27, on dit 90 000. L’objectif est à géométrie variable. Je crois qu’il faut le clarifier. Vous me répondrez que c’est le but de la concertation, mais il faudrait l’engager sur une base claire.
En second lieu, à propos de l’occupation du sol, vous défalquez ce qui appartient au domaine national, aux armées, les forêts, et vous dites « nous avons la maîtrise sur le reste ». Ce n’est pas une façon légitime de raisonner. Le domaine de Versailles, vous ne proposez pas de le lotir au titre de la mixité sociale, je suppose ? Les forêts, vous n’allez pas les raser pour construire ? Pour le reste, vous n’avez pas la maîtrise de ce qui appartient à M. Dupont ou à M. Durand. La propriété privée existe encore, et figure même dans la déclaration des droits de l’homme.
En outre, M. Dupont n’est peut-être pas prêt à vendre son bien, alors que le ministère de la Défense y est prêt. Et les règles d’urbanisme s’appliquent aussi bien à ce qui appartient à l’Etat- du moins, aux armées, si l’on met de côté ce qui relève du Domaine et de l’ONF- qu’à ce qui appartient aux particuliers. Ne raisonnons donc pas de façon aussi étatiste, comme la propriété privée était un vain mot dans ce pays. Au début d’un débat d’orientations sur l’urbanisme il ne me paraît pas inutile de rappeler qu’elle est un droit.

M. SCHMITZ :

En ce qui concerne la population, nous nous projetons dans l’avenir.(...) Ne me faites donc pas un procès d’intention qui n’a pas lieu d’être car nous sommes là dans la prospective, et je le répète, dans la reconquête. (...)


M. de LESQUEN :

Je n’ai fait aucun procès d’intention, mais une demande de clarification. Elle ne me paraît pas totale. (...)


M. ULRICH :

Pour rester sur ce sujet, la façon dont le document présente les choses p. 27 est un peu sèche. (...) Enfin, le PLU est-il un plan pour cinq ans ?


M. SCHMITZ :

Non, comme le POS, il peut être révisé à tout moment. Par exemple, nous aurions pu conserver le POS approuvé en 1998.


M. de LESQUEN :

M. Ulrich veut dire que probablement il sera changé en 2007.
(...)


M. COLOMBANI :

Je sais maintenant pourquoi Versailles est une cité royale : on s’y intéresse de près à l’avenir de la petite reine…
Changeons un peu de sujet, même si je recoupe les préoccupations de M. Casanova. Comme nous en sommes au tout début de nos travaux, il serait utile de joindre un certain nombre d’études à ce document qualifié de support. J’aurais notamment souhaité une carte beaucoup plus précise de la commune faisant apparaître les périmètres des zonages et connaître le coefficient d’occupation des sols en fonction des parcelles. J’aurais souhaité aussi que l’on nous transmette les études sur les flux de circulation -je pense que le Conseil général n’y verra pas un problème- avec notamment les impacts sur la sécurité des personnes, qui constitue un problème majeur. Enfin je voudrais savoir -mais je m’adresse au député plus qu’au maire- s’il est bien question d’un moratoire sur différents aspects de la réglementation des PLU, issue, je le rappelle, d’une loi Chevènement sous un gouvernement Jospin.
(...)

Mme LEHÉRISSEL :

Ce document ne favorise pas le débat. Il fait trop de concessions à un jargon extrêmement technique ou à l’idéologie à la mode. Il énonce une multitude d’objectifs et de sous-objectifs en termes généraux et ne cherche pas à identifier les grands points clés. Par exemple sur la question délicate de savoir comment enrayer le déclin démographique sans altérer le caractère de la ville et la qualité de vie de ses habitants, on pourrait attendre qu’il analyse les problématiques et les possibilités. N’y a-t-il pas des structures qui permettent de développer l’offre locative, y compris sociale, sans tomber dans la dictature préfectorale pour l’affectation de ces logements ?
Il existe une structure créée fin 2001 chargée de réaliser des logements de type social destinés exclusivement à loger des salariés, sans intervention préfectorale. Ce serait le moyen d’attirer une nouvelle population, de maintenir les jeunes à Versailles, d’opérer la reconquête dont M. Schmitz a parlé. Pourrions-nous examiner ce point ?
D’autre part, dans le flou des propositions, je reviens sur celle relative au domaine du château Est-il bien clair qu’il n’est pas question de financer des équipements sur le domaine lui-même ? Après avoir subi le péage pour accéder au parc, il serait choquant que les Versaillais payent une seconde fois par leurs impôts. J’imagine que cette crainte peut être rapidement levée.

(...)


M. SCHMITZ :

Ce n’est ici que le support du rapport de présentation qui fait partie du PLU. C’est ensuite le document lui-même, accompagné des plans, que je pourrai remettre à M. Colombani, qui permettra de faire vraiment de l’urbanisme.


M. de LESQUEN :

Il faut les remettre à tous les conseillers municipaux.


M. SCHMITZ :

Tous les conseillers en auront un exemplaire, mais je réponds aux questions qui m’ont été posées en nommant mes interlocuteurs. (...)
(...)


M. FONTAINE :

Pour poursuivre sur ce point, j’ai dit tout à l’heure que le réseau de pistes cyclables de Versailles prend en compte ce qui existe à la périphérie, sur les RD 10 et 307. Un schéma directeur nous paraissait indispensable, mais cela ne signifie pas que nous n’avons rien fait jusqu’à présent.


M. de LESQUEN :

Vous n’avez pas fait grand chose !
(...)


M. BERNOT :

N’étant pas adepte de la langue de bois ni de la méthode Coué, je trancherai peut-être dans ce débat feutré et consensuel, je m’en excuse. Je me suis livré à à une lecture plus politique du projet, y cherchant donc ce qui est bon pour la cité.
Que devrait-on trouver dans un tel document ? A partir d’une analyse de situation, un diagnostic lucide et complet, des priorités, des choix clairs s’articulant autour d’une ligne directrice et déclinés par domaines.
Qu’est, selon nous, le document qu’on nous soumet ? Il est bien présenté dans la forme, en dépit de l’emploi trop fréquent d’un langage technocratique qui en rend la lecture un peu aride. Surtout, on réaffirme le maintien des objectifs fondamentaux du POS de 1998. J’en suis un peu surpris. De quoi souffre notre ville ? D’une anémie économique que personne ne peut nier, et d’un déclin démographique regrettable, les deux étant intimement liés. On s’attendait donc à trouver dans ce document politique de vraies réponses à ces problèmes. Or la première priorité du POS de 1998 est d’équilibrer la croissance démographique au seuil de 95 000 habitants. Pourquoi ne pas viser 100 000 ? Avec 85 000 habitants, nous sommes au niveau de Valence ou d’Asnières. Pour une ancienne ville royale ayant le passé de Versailles, ce n’est pas très ambitieux. « Favoriser le développement économique » vient en avant-dernière priorité, après les espaces verts et la réhabilitation des quartiers anciens, la création des équipements publics étant la dernière des priorités. On aurait pu, en fonction de l’analyse de situation, formuler d’autres choix.
On trouve un catalogue de bonnes intentions tous azimuts qui, faute de ligne directrice, cherche à concilier des choses un peu contradictoires et surtout, en respectant avec un zèle parfois surprenant des contraintes politiques imposées par l’échelon supérieur, en particulier la Région.
C’est ainsi que M. Gosselin a fait une sorte de rappel au règlement pour savoir si la Ville avait signé la charte des circulations douces, et M. Gabriels s’est interrogé sur le même sujet.
On relève dans ce document des choses surprenantes. On nous parle de « renforcer l’identité des quartiers au sein d’une ville unifiée et solidaire », puis de « conforter une dynamique de centre ville élargi ». Très bien, mais encore faudrait-il qu’il y ait un centre ville. Peut-être faudrait-il penser à en créer un du côté de l’avenue de l’Europe, mais on préfère y mettre des installations démontables pour M. Bartabas. L’amélioration des liaisons participe également à l’unification de la ville et au renforcement des liens entre les quartiers. On pense aux transports en commun, pour lesquels il y a effectivement beaucoup à faire. Mais dans ce contexte les circulations douces ne paraissent pas être une priorité de premier ordre, n’en déplaise à certains.
Il manque un souffle, une vision politique, on semble obsédé par le respect des contraintes imposées par l’échelon supérieur, qui sont longuement exposées dans les trois premiers chapitres. Il faut attendre le chapitre 4 pour entrer dans le vif du sujet.
Qu’aurions-nous aimé trouver dans ce document ? Une grande ambition pour notre ville, pour éveiller « la belle endormie » qu’est Versailles et une volonté politique de rompre avec les schémas de pensée et les modes environnementales imposés par l’échelon supra-communal qui a été géré pendant des années par la gauche ex-plurielle. Il y a eu, paraît-il, du changement à la tête de l’Etat ; nous sommes nombreux à espérer qu’il en ira bien tôt de même à la Région. Alors pourquoi vouloir à tout prix se conformer comme de bons élèves aux règles édictées par d’autres ? Il y a peut-être autre chose à faire.
J’en prendrai deux exemples. On veut implanter massivement des logements sociaux - il en faut- en deux endroits...


Mme LEHUARD :

Pas massivement !


M. BERNOT :

Je suis partisan de réaliser des logements sociaux. Encore faut-il les répartir de manière judicieuse et non les concentrer, en particulier à proximité des entreprises du secteur tertiaire car ce n’est pas ainsi qu’on incitera les salariés de ces entreprises, notamment les cadres et les techniciens, à s’installer dans notre ville avec leurs familles. En effet la plupart d’entre eux n’auront pas droit à ces logements sociaux. Il faudrait peut-être développer un autre type d’habitat pour fixer une population qui vient travailler à Versailles mais habite ailleurs. C’est une piste de réflexion.
S’agissant de la circulation, n’en déplaise à M. Gabriels et à ses amis, le modèle scandinave n’est pas forcément adapté à la France et Versailles, pensée au 17ème siècle avec de larges avenues, ce qui était une vision d’avenir, n’est pas dans la même situation que le quartier de la cathédrale à Strasbourg. Soyons clairs, ce n’est pas en bannissant la voiture pour faire plaisir aux écologistes -on se demande bien pourquoi on veut autant leur faire plaisir- qu’on va développer l’activité économique. Il faut certes améliorer les transports en commun et réduire au maximum le transit automobile, mais pour le reste les Versaillais d’aujourd’hui et de demain doivent avoir le choix et pouvoir utiliser leur véhicule. C’est cela l’approche libérale, le choix de son mode de déplacement. Il devrait y avoir place dans Versailles pour les différents types de déplacements. Ce n’est pas dit dans le projet, mais on veut utiliser le plan de stationnement comme un levier pour influer sur les modes de déplacement : c’est clair on veut bannir la voiture et empêcher les Versaillais de choisir. Ce n’est pas le meilleur moyen de développer l’activité économique et de fixer de la population à Versailles.
Nous aurions aimé une véritable rupture politique. Nous ne la trouvons pas dans ce projet, pas plus que nous n’y trouvons une grande ambition pour notre ville. Le pouvoir a changé de main et je l’ai dit, nous espérons de nouvelles orientations au niveau de la Région. C’est donc peut-être le moment de tout remettre à plat et d’avoir pour notre ville une véritable politique de droite, réaliste, ambitieuse et novatrice. Monsieur le Maire, nous vous appelons au courage politique. Pour notre part, nous sommes prêts à proposer un projet qui réponde aux attentes des Versaillais.


M. le Maire :

(...)
Je vous rassure. Nous n’en sommes plus à l’image d’Epinal de Versailles, privilégiée, ville dortoir, sans l’animation que l’on doit aller trouver à Paris, et le développement économique, nous avons commencé à le concrétiser depuis 1995, car c’était une de nos priorités...

M. de LESQUEN :

Mais vous ne l’avez pas réalisé !
(...)

M. BUFFETAUT :

(...) Vous prétendez que nous n’avons rien fait sur le plan économique. Je constate que Citroën Sports est installé sur les terrains du GIAT et l’aménagement va se poursuivre par une filiale du Crédit agricole. Il est donc faux, ou de mauvaise foi - ce qui est habituel de la part de votre groupe- de dire que nous n’avons rien fait pour le développement économique, qui est d’abord du ressort des chefs d’entreprise.

M. de LESQUEN :

Vous n’avez pas le droit de dire cela. C’est de la désinformation pure et simple. Les chiffres sur le développement économique figurent dans un rapport fait par la mairie. Lorsque nous avons délibéré sur la convention avec le Préfet, ce rapport faisant le point sur l’évolution économique de la vile était consultable. J’ai cité les chiffres il y a quelques mois. Sur dix ans, d’après vos propres chiffres, le déclin économique est constant, régulier, total.

M. le Maire :

Complètement faux.


M. de LESQUEN :

Vous racontez n’importe quoi !
(...)


Mme MASSE :

La lecture de ce projet est instructive. Nous avions un POS qui encadrait l’initiative individuelle. Maintenant nous aurons un PADD et un PLU, issus de la loi SRU qui vont brider l’individu et favoriser le dirigisme communal. Depuis sept ans que vous êtes maire, vous vous êtes montré incapable de revivifier le tissu urbain ; les magasins ferment, les rues sont sales, et peu sûres...

(Vives exclamations dans les rangs du groupe majoritaire)

M. de LESQUEN :

Balayez un peu devant votre porte !


Mme MASSE :

Monsieur le Maire, lors du vote sur cette loi SRU de l’ex-ministre communiste Gayssot, vous vous étiez abstenu, alors que l’ensemble des élus du RPR auquel vous appartenez avait voté contre. Ce qui prouve que vous êtes bien favorable à l’esprit collectiviste de ce projet en raison sans doute de son insistance sur la notion très idéologique de mixité sociale, qui vous sert d’alibi notamment pour dénaturer l’aménagement du quartier des Chantiers.
Il y a un an, vous avez demandé, sans appel à la concurrence au bureau d’études SCURE de préparer ce projet. Je rappelle que le SCURE est un bureau d’études choisi par M. Jospin et par M. Gayssot pour préparer la loi SRU.
On nous parle de concertation pour l’élaboration du PLU. Elle est bien douteuse. Souvenons-nous de l’élection des conseils de quartier à la va-vite - avec le fiasco d’une participation de 3% - personne n’avait encore réussi à faire aussi bien.
Ce projet est imprégné d’un verbiage technocratique dissimulant l’absence de vision politique claire. Le PADD fixe des objectifs. Il a un caractère contraignant en ce qui concerne la mixité urbaine, la mutation, la densification, la réhabilitation et les déplacements urbains. Nous craignons beaucoup pour l’avenir du quartier des Chantiers, avec des barres d’immeubles de qualité médiocre qui risquent d’être visibles depuis le Château.

M. DEVYS :

Mais non !


Mme MASSE :

Je ne suis pas sûre que tout se passe aussi bien qu’on nous le dit. Nous craignons beaucoup pour la circulation rue des Chantiers et rue des Etats Généraux, avec le goulet d’étranglement de la gare, alors que l’on pourrait ouvrir une voie reliant la RN 186 ou l’A 86 depuis l’avenue de Sceaux. Ce n’est pas sur la SNCF qu’il faut compter pour améliorer la circulation rue des Chantiers, le voyageur, redevenu piéton en sortant de la gare ne l’intéresse plus.
Le quartier de Satory sera toujours enclavé puisque aucune voie nouvelle ne le reliera à Versailles. Bien sûr, pour ne pas affoler la population, on nous parle de préserver l’identité des quartiers pavillonnaires. Mais un peu plus loin on ajoute qu’il ne faut pas obérer « leur nécessaire évolution ». Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est pour le moins ambigu.
La loi SRU édicte de nouvelles règles concernant le parcellaire et la densité urbaine qui faciliteront la densification. Nous craignons beaucoup pour le quartier de Porchefontaine, dont la caractère pavillonnaire risque d’être remis en cause par une « nécessaire évolution ». La vraie question est de savoir si la Municipalité a l’intention d’augmenter la densité urbaine, d’entasser des populations avec les conséquences que cela peut avoir sur la sécurité, la circulation, la tranquillité du quartier.
En décembre 2001, nous avions voté contre ce projet. Dans l’état actuel du dossier, rien ne nous permet de croire que nous pourrions changer de position.
(...)


M. de LESQUEN :

Je voudrais revenir sur ce qui était censé être l’objet du débat de ce soir, les orientations de la Ville en matière d’urbanisme. Mme Masse et M. Bernot ont posé de vraies questions, même si elles n’ont pas semblé vous intéresser suffisamment.
Ce qui nous a frappé dans ce document, c’est d’abord ce qui n’y était pas. Il ne présente pas de vision claire de l’avenir de Versailles, pas d’ambition réellement assumée par une municipalité sur le plan politique...


M. DEVYS :

Il n’est pire aveugle…


M. de LESQUEN :

Nous avons lu un document technique bien rédigé par des fonctionnaires de qualité Je ne les critique en rien, je serais mal placé pour le faire. Ce qui est dramatique, c’est que les élus démissionnent. Le Maire actuel et ses collègues sont de gentils porte-parole des services municipaux. ( protestations)


M. MARVAUD :

C’est scandaleux !


M. de LESQUEN :

Vous êtes incroyables ! Vous voulez peut-être museler l’opposition ? Vous savez très bien que c’est la vérité, que ce rapport a été réalisé par les services de A à Z et que vous avez été incapables d’ajouter quoi que ce soit. Il y a à l’évidence, dans cette démarche, une démission du politique. Les politiques à mener ne sont ni présentées ni assumées. On fait la liste - ce qui est tout à fait normal de la part de fonctionnaires -, avec un luxe de détails, des contraintes que l’on subit. A ce propos, Mme Nègre , nous n’avons pas de leçon de démocratie à recevoir de vous. Ce n’est pas parce qu’une loi est votée qu’on ne peut pas être contre. Ensuite, nous ne disons pas que nous ne voulons pas les appliquer ; ce serait absolument impossible, et si une mairie le faisait, le Préfet interviendrait. La question n’est pas là. Nous disons simplement - c’est là que le technique saisit l’idéologique- que cette loi de l’ex-ministre communiste Gayssot avait une idéologie et une inspiration qui n’étaient pas celle de la majorité des Versaillais qui, à 80% sont à droite. Il n’est pas anodin, et c’est pourquoi Mme Masse l’a rappelé - vos ricanements trahissaient votre gêne - que M. Pinte ait approuvé la loi de M. Gayssot.


M. DEVYS :

A droite on est intelligent.


M. de LESQUEN :

Mais bien sûr, ce que proposait M. Gayssot était plus intelligent que ce que proposent les gens de droite, c’est clair.
Pour nous, il ne faut pas confondre l’idéologie collectiviste de la mixité forcée et la politique libérale de la diversité consentie.
Quelle vision pouvait-on avoir de l’avenir de Versailles ? Il fallait commencer à poser les problèmes pour pouvoir les résoudre. Versailles souffre d’une double fracture, qui va devenir une triple fracture. D’abord, le Château et la Ville se tournent le dos. Et ce n’est pas le péage que le maire-député a laissé instaurer sur le petit parc, en attendant peut-être le grand parc. Monsieur Devys, pourquoi ricanez-vous ? Vous êtes content de payer un péage ?


M. DEVYS :

Il faut être un peu sérieux !


M. de LESQUEN :

Justement, vous n’êtes pas sérieux. Vos interruptions sont ridicules.
Versailles souffre d’une double fracture qui risque de devenir une triple fracture. Premièrement, la Ville et le Château se tournent le dos et le péage sur le petit parc en est un signe manifeste.
Ensuite, et c’est le revers de la qualité de vie des quartiers, le nord et le sud de Versailles communiquent trop peu, l’avenue de Paris étant une coupure symbolique et psychologique.


M. DEVYS :

Il faut supprimer l’avenue de Paris…


M. de LESQUEN

En troisième lieu, le nouveau quartier de Satory est déjà fort excentré et, quand il sera développé, après dépollution, ce quartier au sud de la voie de chemin de fer et de la nationale restera enclavé. Proposer d’améliorer les transports en commun est nécessaire, mais ne suffit pas. Que je sache, le parti de Mme Voynet n’est pas représenté dans l’équipe municipale. Il ne faut donc pas considérer que la chasse à l’automobiliste est ouverte en permanence. Il faut penser aux liaisons automobiles entre Satory et le centre de Versailles. Refuser aux gens de ce quartier, lorsqu’ils seront dix ou vingt fois plus nombreux qu’aujourd’hui, de venir faire leurs courses en voiture dans le centre ville, c’est refuser l’unité de Versailles, dont vous parlez pourtant à juste titre.
Nous avions présenté au cours de la campagne un projet, peut-être insuffisamment étudié, car nous ne pouvions recourir aux services municipaux. Nous proposons encore des idées qui permettront de refaire l’unité de Versailles. Il faut penser à l’axe nord-sud. Versailles, pensée autour du Château, avec le fameux trident, ne peut plus fonctionner de cette manière, même si certains dirigeants du domaine ont tendance à penser que la ville, ce sont les voies d’accès au Château. Mais les élus municipaux ne peuvent tenir un tel raisonnement. L’axe est-ouest existe, il faut maintenant un véritable axe nord-sud avec, à l’intersection de ces deux axes, un véritable cœur de la ville. C’est cela une conception d’urbanisme. Nous avons donc proposé de rendre un cœur à Versailles en étudiant un ensemble commercial avec parking à l’intersection des deux axes. Si ce projet est mauvais, encore faudrait-il nous expliquer pourquoi. Mais, alors que nous faisons preuve d’opposition constructive, en avançant des propositions, nous avons en face de nous une majorité autistique, des dirigeants qui considèrent que, si un projet vient de l’opposition, il ne faut surtout pas en parler, car cela risquerait de desservir les intérêts politiciens de la majorité municipale ; ce n’est pas comme cela qu’il faut raisonner ; il faut admettre, dans l’intérêt de la Ville, qu’il peut se faire que les propositions de l’opposition ne soient pas totalement stupides. Vous n’avez pas, je le crains, le monopole de l’intelligence, et encore moins celui du bon sens. Nous non plus, nous ne le prétendons nullement, nous demandons seulement qu’il y ait une discussion.
Le quartier des Chantiers donne un autre exemple de gestion autistique. Je me fais le relais du collectif des Chantiers, qui m’a écrit et me supplie d’intervenir. Le sujet est sérieux, cessez de ricaner. Nous ne sommes pas dans une basse-cour ni dans une cour de récréation. Vous parlez de concertation, mais dès qu’on n’est pas un béni-oui-oui, c’est pour vous une offense insupportable ! Nous sommes là pour nous opposer à ce qui nous paraît mauvais, et ce qui nous paraît mauvais, c’est le manque de souffle et d’ambition.
Pour les Chantiers, donc, toute personne qui a un peu de bon sens se rend compte que le projet tel qu’il est conçu est une aberration pour la circulation. Vous créez un cul-de-sac, alors que le flux de voitures va augmenter avec le trafic ferroviaire. On peut toujours rêver – c’est le côté sympathique de M. Gabriels – que les gens viendront en trottinette ou en rollers. Mais ils doivent pouvoir venir en voiture s’ils le souhaitent. Il faut donc, comme l’a dit M. Bernot, être libéral aussi pour la circulation et respecter autant que faire se peut les choix individuels. Personnellement, j’ai très peu besoin de prendre la voiture, mais dans bien des cas c’est le plus commode. Vous ne laissez pas les gens libres car, malgré votre étiquette, il y a trop d’inspiration collectiviste dans ce projet.
Le projet élaboré pour les Chantiers met aussi en cause la sécurité et la tranquillité des habitants. D’abord, vous voulez installer au titre de la fameuse « mixité sociale » de M. Gayssot des logements ultra-sociaux qui contiendront des populations marginales.


Mme LEHUARD :

Comment ? Les gens qui vivent dans les logements sociaux ne sont pas des marginaux !


M. de LESQUEN

A cause de nos critiques, vous faites marche arrière, mais avouez-le, c’était votre intention ! M. Devys, vous deviez être un chahuteur quand vous étiez jeune ! (rires). Surtout, l’installation du multiplexe va se traduire par la disparition de cinémas de centre ville comme le Cyrano. De plus, placé à côté de la gare des Chantiers, dont la fréquentation n’est déjà pas parfaite, il va attirer les sauvageons des banlieues avoisinantes (ah ! sur de nombreux bancs) Eh oui, je parle volontairement comme M. Chevènement qui a eu une trouvaille linguistique justifiée.
Enfin, sur un dernier point essentiel, nous restons dans le flou, car M. Schmitz était tout prêt à échanger 85 000 contre 75 000 ou 105 000, il n’était pas à 10 000 habitants près. Il s’agit de la question de la population et de la densification. Nous sommes pour l’augmentation de la population, mais pas n’importe comment. Nous voulons que le quartier de Satory, qui est une grande chance pour Versailles, permette à la ville de passer de 85 000 à 95 000 habitants ; il y a de la place pour le faire sans que les gens soient entassés. Nous voulons aussi que les logements vacants, beaucoup trop nombreux, soient réhabilités. C’est donc une grande politique de réhabilitation qu’il faudrait mener. Si ces logements sont vacants, ce n’est pas pour le plaisir de les garder vides, c’est qu’ils sont souvent vétustes et parfois insalubres. Il existe des procédures, des financements publics qui permettent cette réhabilitation. Il faut les utiliser. Je n’ai pas vu trace de cette préoccupation dans le rapport. Cela concerne aussi des logements insalubres occupés, dont il faut permettre aux habitants de rester sur place dans des conditions décentes.
Pour le reste, le désir de la grande majorité des Versaillais n’est pas que l’on densifie l’habitat ni que l’on entasse les hommes sur les hommes avec toutes les conséquences que cela a pour la sécurité, la tranquillité, la circulation et le stationnement. Nous voulons que l’on fixe dans le PLU des règles qui permettent, malgré les changements juridiques opérés par la loi SRU, d’empêcher cette densification. Si nous voulons conserver le caractère pavillonnaire de Porchefontaine ou de Glatigny, il faut fixer des règles pour qu’on ne puisse subrepticement le transformer, au détriment de la qualité de vie de ses habitants.
Enfin, la concertation est essentielle si elle débouche sur une vraie démocratie locale. Et cette démocratie -cela figure dans le programme électoral de Jacques Chirac- passe par le développement du référendum local. S’il y a vraiment un sujet sur lequel on devrait l’organiser, c’est l’approbation du plan d’urbanisme. Nous pensons que cette décision pourrait être votée à l’unanimité par le conseil municipal. Lorsque, après un véritable débat qui commence seulement, nous aurons un projet de PLU, il faudra le soumettre au vote des Versaillais.


Mme de BARMON :

M. de Lesquen, consultez donc le support, page 28. Vous y verrez qu’on y développe le point suivant : « faciliter la réhabilitation du parc de logements existants et la remise sur le marché des logements vacants »

M. le Maire :

Mais il n’a pas lu le rapport.


M. de LESQUEN

Je l’ai lu de la première ligne à la dernière, mais c’est une allusion tout à fait insuffisante.


M. le Maire :

Je considère que le débat d’orientations a eu lieu dans le délai de deux mois avant la présentation du PLU.

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